Ces International Six Days of Enduro 2015 auront été riches en rebondissements, c’est le moins que l’on puisse dire ! Durant ces 6 jours de course, nos 6 pilotes tricolores Loic Larrieu, Anthony Boissière, Marc Bourgeois, Antoine Basset, Jérémy Joly et Mathias auront créé une équipe soudée et forte, et nous auront fait vibrer jusqu’à la fin !
Si vous n’avez pas pu suivre cette épreuve mythique dans ses moindres détails, c’est ici que vous allez pouvoir vous rattraper !
Il faut savoir que les ISDE sont une course de 6 jours, par équipe de 6 pilotes face aux autres nations. À la fin de chaque journées on cumule les temps chronos de chaque pilotes en ne retenant que les 5 pilotes les plus rapides de chaque équipe, le dernier étant le “Joker”. Ce qui donne le temps chrono total de l’équipe.
Mathias:
” Tout d’abord il faut savoir que c’était ma première course et quasiment ma reprise après 6 semaines d’arrêt suite à ma blessure au coude courant juillet, et je peux vous dire que ces 6 jours de course furent très longs à endurer en ce qui me concerne !! Les spéciales étaient belles mais alors les liaisons c’était juste l’enfer à rouler… Rien de bien difficile mais ça tapait énormément dans les poignets ainsi que les mains.
Jour 1: la course n’a même pas commencé que je fais une erreur de “rookie”… À 30 secondes de mon heure de départ officielle, en ouvrant mon robinet d’essence sous le réservoir, j’effleure sans faire exprès avec mon autre main le démarreur électrique qui se trouve sur le guidon et la moto démarre au quart de tour. Dans le règlement il est interdit de démarrer le moteur avant son heure de depart, ce qui m’a valu une minute de pénalité avant même que la course n’ait réellement commencé… Ce qui forcément pénalise toute l’équipe de France par la même occasion. Malgré cette pénalité, nous avons fait une journée solide et nous retrouvons 3ème à une minute derrière les Américains en tête et les australiens seconds.
Jour 2: Nous étions tous motivés à l’idée de repartir à zero après nos erreurs de la veille, mais nous n’avons pas su trouver le rythme nécessaire pour rattraper notre retard et nous finissons à nouveau 3ème avec 1’53” de retard sur les Australiens. Au cumul des deux jours les Australiens passent en tête du classement et possèdent 8 secondes d’avance sur les USA et 2’11’’ sur notre équipe.
Jour 3: C’est la que les choses se gâtent ! Effectivement, nous pensions faire une bonne opération avec enfin une belle journée à la clef car nous la remportons devant les Espagnols à 38”, les Américains à 54” et les Australiens à 1’04”. Une performance qui nous permet de réduire de moitié notre retard sur les Américains qui reprennent la tête devant les Australiens. Mais cela était jusqu’à ce que l’on apprenne la mauvaise nouvelle… Durant la liaison, il y avait eu un mauvais fléchage du parcours à un endroit donné, ce qui a induit en erreur 8 pilotes de nations différentes ( 2 Espagnols, 1 Américain, 1 Italien, 1 Anglais et 3 Français) qui ont pris une mauvaise direction et manquent un « check point » avant de retomber sur le parcours initial. Il faut savoir que l’inspecteur de la piste, officiel FIM, à admis le mauvais fléchage et l’a fait modifier aussitôt. Il à aussi dit aux pilotes impliqués que ce n’était pas grave et allait être signalé au jury. Il n’y avait donc logiquement aucun problème, jusqu’à ce que l’on apprenne vers 21h que tous ces pilotes ayant manqué le check point se voyaient disqualifiés !! Ce qui voulait dire qu’avec 2 et 3 pilotes impliqués, l’Espagne et la France se retrouvaient hors course… Evidement cela à fait l’effet d’une bombe, suffisant pour que la Fédération Française de Motocyclisme porte réclamation. Mais nous nous sommes couchés sans être informés de la décision du jury, toujours en concertation.
Jour 4: Ce matin la, au petit déjeuner, nous apprenons que le jury n’a pu rendre son verdict… Il nous laisse donc repartir mais toujours disqualifiés officiellement, en attendant un verdict final. Nous étions partagés entre l’écœurement et l’envie de montrer sur le terrain ce que nous savons faire… Mais la raison l’a emporté, et malgré la situation plutôt compliquée à gérer mentalement, nous avons décidé de prendre le départ. Bien nous en à pris car nous avons finalement dominé la journée et collé 1’55” aux Australiens ! Au classement général ils ne nous précèdent donc plus que de 10 secondes, et les américains se retrouvent hors course ayant perdu 2 pilotes (Blessure et problème mécanique).
Jour 5:
« Décision de la Cour Disciplinaire Internationale FIM. Suite à la disqualification de huit coureurs par le Jury International FIM lors de la 3e journée du Concours International FIM des Six Jours d’Enduro 2015 qui se déroule actuellement à Kosice, Slovaquie, la Fédération française de Motocyclisme (FFM) a interjeté un appel hier contre la décision dudit Jury auprès de la Cour Disciplinaire Internationale de la FIM (CDI), conformément à l’Art. 4.5 du Code Disciplinaire et d’Arbitrage FIM (CDA). Dans le cadre de son appel, la FFM a déposé une requête d’effet suspensif en application de l’Article 4.8 CDA. Au vu du caractère urgent de l’affaire et des circonstances exceptionnelles liées à celle-ci, la CDI a décidé de suspendre provisoirement l’exécution de la décision du Jury International FIM et d’ordonner la réintégration provisoire dans l’épreuve des huit coureurs disqualifiés, et ce, jusqu’à nouvel avis. »
Au départ de ce 5ème jour, un délégué de la FIM vient donc trouver Français et Espagnols pour annoncer notre réintégration au classement ! Voila enfin une bonne nouvelle, qui re-motive les troupes pour foncer de l’avant et aller décrocher ce titre mondial ! Nous repartons donc le couteau entre les dents, et nous nous imposons pour la troisième journée consécutive, avec 1’03’’ d’avance sur les Italiens et 2’14 sur les Australiens !
Jour 6: Le jour 6 n’est pas une journée d’enduro comme les autres, tout se joue sur une piste de Motocross. Nous arrivons donc au cross final en tête du classement général avec environ 2minutes d’avance sur les Australiens. Il nous fallait simplement assurer, mais pas trop non plus car avec 5 pilotes comptabilisés sur 15 minutes de course, les écart peuvent vite se creuser. Pour ma part j’ai pris un très mauvais départ, dans les derniers, mais je me sentais super bien sur la moto, j’ai pris énormément de plaisir sur cette belle piste de motocross et je remonte à une belle 3ième place !
Ainsi à l’issue de cette manche et grâce au travail de mes coéquipiers, nous nous retrouvons finalement et contre toute attente CHAMPIONS DU MONDE par équipes aux ISDE !
Ceci est un beau titre, surtout dans les conditions dans lesquelles nous l’avons décroché ! J’en avais déjà décroché 3 en Junior, mais celui-ci est mon premier dans la catégorie Elite. Je tiens à remercier, premièrement, mes coéquipiers avec qui nous nous sommes serré les coude durant ces deux semaines passées ensemble et qui ont fait un « travail » formidable, mais aussi l’ensemble du staff de l’équipe de France, il y en a tellement que je ne vais pas tous les citer, mais ils ont tous bel et bien amené leur pierre à cet édifice… Les 6 jours ne sont pas une simple course, c’est aussi une école de vie et surtout une belle histoire de cohésion. Seules les personnes présentes dans ces moments là peuvent s’en rendre compte !
Merci à tous et à l’année prochaine ! “